Problématique de l’adoption de l’agriculture de conservation / AC (1995-2015) : étude évaluative et analytique des facteurs causaux (Cas de Ravine Desroches / 1ère Section Limbé)
Résumé
À Ravine Desroches, 1ère section de la commune de Limbé, le problème de l’érosion ronge grandement l’espace cultivable. Les techniques de conservation de sol sont connues, elles donnent de bons résultats. Mais pourquoi les paysans en font peu de cas ? Telle est la question née de l’observation qui nous a conduits à considérer cette étude. Ainsi, nous sommes parvenus à comprendre que la problématique d’adoption de l’agriculture de conservation (AC), par rapport à cette question, consiste en huit éléments consignés, parmi autres, dans le tableau 5.12 du présent. La problématique de l’adoption de l’agriculture de conservation n’exclut pas non plus la tenure foncière, pour laquelle, aucune règlementation légale ne s’interpose entre la gestion durable et le droit d’exploitation. Il y a, ajouté à tout cela, un manque de transmission du savoir de conservation dans la zone. Les acteurs, l’avons-nous souligné, utilisent souvent une approche qui n’intègre pas les paysans dans leurs travaux de réhabilitation du sol. Sans connaissance des pratiques associées à l’AC par l’intermédiaire d’un certain mode de communication ou d’information, l’adoption est improbable. En effet, les études sur l’adoption d’une innovation et la diffusion ont longtemps identifié l’information comme variable principale, et l’adoption est généralement corrélée avec la disponibilité d’information. L’information devient particulièrement importante quand le degré de complexité des technologies de conservation augmente (Nowak, 1987). Les sources d’informations qui influencent positivement l’adoption des pratiques de type AC peuvent inclure : d’autres exploitants, des médias, des réunions et des agents de vulgarisation. Cependant, en ce qui concerne cette dernière source, Agbamu (1995) montre que le contact seul ne favorisera pas l’adoption si la diffusion de l’information est inefficace, imprécise ou inadéquate. Les études n’ont pas toujours prouvé que l’adoption est corrélée avec la facilité d’obtenir l’information. La diffusion, en milieu paysan haïtien, ne favorise l’adoption que lorsque les méthodes utilisées n’exigent pas de grandes dépenses. L’adoption de l’AC heurte à des particularités du milieu haïtien. Cette étude nous a amenés à comprendre que l’adoption de l’AC n’influe pas négativement sur la capacité financière du paysan par rapport à l’agriculture conventionnelle. Sur l’environnemental, l’adoption de l’AC est écologiquement bénéfique. Sur le plan social, l’adoption de l’AC n’est pas toujours une décision collective, et heurte à des schèmes traditionnels qui exigent un temps de diffusion pour que les modalités culturales de l’AC soient adoptées.